« Au bois » de Charline Collette

Charline Collette
Les Fourmis Rouges | 2020 | 18,90 €

Née dans les profondeurs de la Franche-Comté, Charline Collette eut le temps d’affûter son rapport à son environnement avant de décider d’en faire un livre. La forêt, bien évidemment au centre des multiples récits que l’on croisera dans « Au bois », est un point de convergence de plusieurs approches bien dosées et très complémentaires : des souvenirs remontant à l’enfance et bien évidemment marquants, des souvenirs bien plus récents et tout aussi mémorables, de probable origine autobiographique ou glânés dans son entourage, notamment familial. Des sujets lorgnant vers « la sociologie pour les enfants » qui ne font pas que romantiser le rapport aux forêts, rappelant les dégâts concrets -et pour le coup, complètement locaux- occasionnés par les activités des hommes. De la fantaisie, de l’humour et de l’émotion, le tout souvent conjugué avec délicatesse et à-propos.
L’usage de peintures pleines pages et de séquences narratives successives sont à l’unisson du rythme du bouquin, construit naturellement autour du cycle des saisons, sans souci de l’époque où se situe telle ou telle histoire (qui varie énormément selon les souvenirs partagés par telle ou telle personne) : après tout, qui étaient là les premiers, les arbres ou les hommes, après tout ?
Il y a une belle intimité qui se raconte entre deux pages, entre deux arbres, et l’une des nombreuses réussites de ce livre est probablement d’arriver à mettre le doigt sur ce rapport d’universalité qui nous lient toutes et tous à cet endroit.
« Au bois » est un bouquin estampillé jeunesse mais qu’il ne devrait pas être difficile de laisser lire à qui l’on voudra, quelque soit son âge.

Charline Collette est une jeune autrice qui a accumulé bon nombre de cursus pour parfaire son approche globale de raconteuse d’histoires : elle a successivement étudié la gravure à l’École Estienne, la bande dessinée à Angoulême, la peinture aux Beaux-Arts de Paris, l’illustration aux Arts Déco de Strasbourg, pour finir sur un master à l’Institut d’Études Politiques de paris. Le tout, mêlé à son inventivité graphique et à ses bonnes idées en matière de storytelling en font une autrice que l’on a envie de suivre de près. Et ça tombe bien parce que c’est précisément ce que l’on fait depuis des années, et l’on est pas déçus !