« Nénéref » de Vincent Sardon

Vincent Sardon
Ego-Comme-X | 1995 | 3,00 €

Est-ce qu’il y en a encore qui ne connaîtraient pas le travail du Tampographe Sardon ? Quelle chance ! Vous avez à découvrir un univers parmi les plus hilarants qui soient, à condition évidemment d’apprécier un chouïa l’humour noir, le cynisme, et le travail artisanal complètement dingue porté à bouts de bras gantés par l’un des plus détestables basques que l’on ait croisé depuis Francis Lalanne, Didier Deschamps ou Manu Chao.
L’auteur manie l’humour désespéré comme personne, et produit d’hilarants tampons encreurs, réalisés artisanalement dans sa cave parisienne à deux pas du Père Lachaise, qui font le bonheur d’une cohorte d’amateurs et d’amatrices éclairé.e.s.

Mais le passionnant Sardon, qui sait également manier le verbe avec talent (comme le prouvent les quelques livres qu’il a réalisé pour L’association ou plus récemment chez Flammarion), n’est pas qu’un bidouilleur qui sent le caoutchouc crâmé.
En 1995, il dessinait son premier bouquin, une toute petite bande dessinée pour le compte des défuntes (mais glorieuses) éditions Ego-Comme-X, à qui l’on doit quelques-uns des plus beaux monuments de la bande dessinée moderne (Fabrice Neaud, Jean Teulé, Aristophane, les premières versions françaises des bouquins de génies absolus tels Yoshiharu Tsuge ou John Porcellino, excusez du peu).
Une vingtaine de petites pages qui revisitent les grands écrivains, les grand penseurs dont on ne doit pas dire de mal. Sardon bouscule Breton, Freud, Sartre avec facétie et, avouons-le, pas mal d’audace décalée. Entre non-sense et humour grinçant, l’auteur commençait alors tout juste une longue carrière de déboulonnage des conventions, sans complaisance mais avec beaucoup d’enthousiasme.

Ego-Comme-X n’existe plus, Sardon dessine beaucoup moins (encore que), le bouquin est plus ou moins épuisé : joie de recevoir !