« Le département des théories fumeuses » de Tom Gauld

Éditions 2024 | 2020 | 15 €

Pendant de longues années, Tom Gauld était cette référence de la scène anglaise lorsque l’on parlait de bande dessinée alternative si discrète qu’elle passait sous tous les radars. Les fans du type se cognaient la tête contre les murs pour se procurer certaines de ses créations, et rares étaient les éditeurs (francophones, notamment) qui avaient fait le pari de s’intéresser à l’œuvre unique et inspirée de ce grand type dont l’humour décalé, absurde et pince sous rire informait tout autant que son accent.
Les années ont passé et désormais, chaque dimanche Tom Gauld signe une remarquable contribution dessinée dans le cahier livres du prestigieux The Guardian, le fameux quotidien anglais.
Comme une millième sortie hilarante des Monty Python ou un épisode inoubliable de la série Black Books, la verve et l’univers de Gauld font se dilater les rates des plus exigeants amateurs d’humour en bande dessinée, ce genre assez rare dans le giron de la sphère alternative, et qui a tant peiné à se renouveler…

Il y a quelques années, les copains strasbourgeois de chez 2024, noble petite maison aux sorties souvent stimulantes et aux ouvrages réalisés avec soin, ont commencé à s’y coller : il fallait que Gauld soit disponible pour le public francophone, ça n’avait que trop duré.
Quelle joie de retrouver la facétie et la fantaisie de l’auteur, surtout pour explorer le jargon, les usages, les recoins insoupçonnés de mondes dont il ne connaît pas forcément grand chose à la base. Sa subtilité et sa rigueur l’ont d’ailleurs emmené à être plusieurs fois récompensé aux Eisner Awards ou à se retrouver quasiment chaque année dans la sélection du Festival d’Angoulême : pas seulement loufoque ni seulement incisif, les qualités du bonhomme et de son œuvre devraient être remboursées par la sécu, minimum. On apprendrait des trucs, et on rigolerait pas mal.