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“Utopie” de Thomas Bouchet

Anamosa | 2021 | 9 €

Bien malin qui pourra circonscrire le terme utopie de manière limpide, efficace, simple. C’est toute la réussite du travail de l’historien Thomas Bouchet (et plus généralement, de la collection Le mot est faible des toujours très, très chouettes éditions Anamosa) que d’avoir réussi à couvrir le large spectre de ce que recouvre ce mot.

L’utopie est un terreau pour les comparaisons, les extrapolations, les études documentées et factuelles comme pour les élans de l’imaginaire les plus fantaisistes : ce qui relie tout cela, c’est la manière dont ce terme-caméléon absorbe finalement ce qui l’entoure pour mieux s’y lover, mieux s’y cacher, mieux y vivre. Du rêve à la réalité, le terme peut virer polémique tant ce qu’il soulève peut être mal interprété, ou de travers.
Bouchet inventorie tout cela, à travers quelques exemplaires notables, empruntant à la littérature ou à la politique, à l’anthropologie, au révolutionnaire parfois.

Le mot « Utopie » est-il galvaudé ? Il n’a jamais été aussi vivant, en tout cas. Les différents courants sociaux qui manifestent un rejet de l’oppression s’y frottent tous assez vite, et si cela n’apparaît pas en interne, cela le sera à la lumière du traitement médiatique, journalistique, analytique. N’importe quel mouvement qui conteste l’ordre établi va y être associé, de façon souvent péjorative, régulièrement sur le ton de la vanne : ah, ces bisounours utopistes.
Bouchet évoque ou convoque Charles Fourier, Saint-Simon, Auguste Blanqui, Walter Benjamin, Désirée et Jules Gay, Ernst Bloch, William Morris, Kropotkine… Moyennement des bisounours.
« Lorsque l’asphyxie gagne, l’utopie permet de reprendre sa respiration », nous dit Thomas Bouchet.