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« Yucca mountain » de John D’Agata

Zones sensibles | 2012 | 16 €

Pépite se nichant dans le catalogue des géniales éditions Zones Sensibles, qui en regorge, cette traduction très réussie (et signée Sophie Renaut) du livre de John D’Agata fût une surprise marquante pour beaucoup lors de sa parution il y a une dizaine d’années.

Magistral récit à tiroir dirigé avec maestria, le livre commence comme un inventaire de tout ce que notre société moderne peut proposer de pire lorsqu’il s’agit d’enfouir des déchets nucléaires dans le Nevada, à deux heures de Las Vegas. Si les décisionnaires de la faisabilité d’un seul et unique site d’enfouissement pour l’ensemble de la consommation nucléaire des États-Unis sont au centre du livre, la ville de Las Vegas les rejoint assez vite, et permet à l’auteur de continuer de dérouler la pelote du sordide, du tragique, du stupide et du scandaleux.

L’écriture est fluide et imagée, rythmée et millimétrée. Le livre oscille entre enquête à charge et témoignages tristes à chialer, et le tout bénéficie d’une construction qui rend l’ensemble tout bonnement passionnant de bout en bout.

Évidemment, comme en écho à cette période d’accélération des prises de conscience éco-centrées qui se tirent la bourre avec l’explosion tous azimuts de la bulle ultra-libérale, il n’y aura ni belle surprise, ni happy end. Juste un très beau livre qui montre du doigt tout ce qui déconne sur l’un des sujets les plus casse-gueule, les plus mal gérés qui soient par une humanité qui n’en est pourtant pas à sa première connerie.
Attention, des années après, on y repense, et on y revient : grand, grand livre parmi les grands livres.