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« Le testament de la fille morte » de Colette Thomas

Prairial | 2021 | 15 €

L’enthousiasme d’Antonin Artaud, dont l’autrice était pour le moins très proche, avait mis le feu aux poudres et la salive aux lèvres : il y avait donc un livre fameux et introuvable, un livre qui avait existé dans un espace-temps beaucoup trop court, et sur lequel quelqu’un finirait bien par remettre la main un jour… Mais quand ?
Cela fait plus de 70 ans qu’un des livres célèbres les moins lus a été écrit, et il a fallu bien des détours pour qu’il existe à nouveau pour une nouvelle génération de lecteurs et de lectrices…

Sorte de testament avant l’heure écrit en grande partie par son autrice lorsqu’elle était âgée de 28 ans (et qui disparaîtra en 2006 à l’âge de 87 ans), ce livre collectionne les fragments et les fulgurances comme rarement vu.

On tient là une sorte d’énigme littéraire qui avait soufflé son monde à l’époque : en 1974, Bernard Noël disait que le livre « laisse loin derrière lui la plupart des œuvres auxquelles on a fait un succès depuis vingt ans » ; mais le premier a l’avoir lu, le grand Artaud lui-même, avait frappé fort, comme à l’accoutumée : « Les textes de Colette Thomas présagent la formation d’un autre univers ; ils sont tout ce qui reste d’un monde qui a sombré, asphyxié par l’être, le serpent. »

Merci à Prairial d’avoir fait le pari de l’existence de ce livre en 2021, et merci à eux également d’être allé chercher le toujours passionnant Pacôme Thiellement, auteur d’une lumineuses préface qui nous fait comprendre davantage de choses à ce que fût la vie de l’autrice, l’importance de ce livre, en livrant quelques informations passées sous les radars depuis trop longtemps.