« Le trou » de Paul Morris

Paul Morris
Mediapop | 2020 | 12 €

A chaque rentrée littéraire, les éditeurs redoublent d’inventivité pour que l’on signale la parution de l’un ou l’autre de leurs nouveaux titres, noyés dans la masse déraisonnable (et un peu déprimante en terme de disproportions) et n’hésitent pas à travailler leur storytelling, tantôt au sujet de tel auteur, tantôt au sujet de la genèse de tel bouquin.

Mediapop, formidable structure éditoriale indépendante œuvrant à Mulhouse depuis plusieurs années (également micro-label de grands disques mais aussi responsable du formidable magazine d’actualité culturelle Novo, que chaque bisontin.e devrait envier à nos voisin.e.s), n’a pas eu besoin de se creuser les méninges : Paul Morris a été assistant-éducateur, ouvrier viticole, plongeur en cuisine, marchandiseur, assistant bibliothécaire à l’hôpital Robert Debré, menuisier au Centre Pompidou, vendeur en sex-shop, régisseur du centre d’art Le Consortium, musicien, technicien forestier, à collectionné pas moins de cinquante adresses en 46 ans, et pour couronner le tout, il a envoyé plus d’une quinzaine de manuscrits à divers éditeurs, et ce depuis ses 17 ans. Il était temps qu’il signe son premier bouquin, et quel bouquin.

Le trou est une incursion bluffante dans le monde de l’enfance et de ce qui le caractérise : la vraie-fausse simplicité des choses, les mystères inhérents au milieu familial et les forces en présence qui l’animent. Celles-là même qui traversent cinq saisons de la vie d’un môme de dix ans, comme autant de chapitres d’un début d’existence compliquée, et c’est un doux euphémisme que de résumer la brutalité, la dureté du monde d’un enfant tel que celui que Morris nous raconte. La tristesse au milieu de la table de la cuisine familiale, et l’envie de vite sortir rejoindre la nature environnante, si propice à l’évasion sous toutes ses formes, et seule réelle béquille à l’horizon.
Pour un premier bouquin, voilà qui pose de bonnes bases pour la suite.