Flblb | 2019 | 20€
Parmi les nombreux enjeux posés par telle ou telle structure éditoriale, parfois peut se poser la question de la forme de prédilection. Le roman-photo est un format qui déroute énormément de lecteurs et de lectrices, probablement parce qu’encore une fois, il rappelle à telle ou telle œuvre marquante, et pas toujours dans le meilleur sens du terme. A ce titre, il n’est donc pas anodin que les éditions Flblb soient aux manettes de la collection de romans-photos contemporains modernes parmi les plus excitants qui soient, et qu’à la base, elles soient éditrices de livres de bande dessinée. Pas un hasard, tant les points-communs sont nombreux entre ces deux modes d’écriture. Et que tout un public plus large en ait une perception tronquée et bancale, dans les deux cas.
Et comme si cela ne suffisait pas : Xavier Courteix explore une dystopie des plus envisageables, qui ne va pas chercher son inspiration très loin, mais juste là, dans tout ce que la société contemporaine nous envoie comme signaux d’alerte auxquels la grande majorité du public ne semble pas particulièrement réceptif, assommé par le modèle ultra-libéral que nous sommes.
En utilisant l’écriture plastique qu’est le roman-photo, il contourne tout ce que l’on avait projeté sur ce langage (en premier lieu : la légèreté) pour y adjoindre une solide dose d’anxiété, de critique sociale aussi. C’est le propre de la dystopie de se reposer sur une manière de brouiller les cartes du réel sans s’en éloigner jamais, selon des dosages précis qui donneront leur crédibilité au propos. C’est terriblement inquiétant, parce que tout à fait réaliste. Et c’est malheureusement terriblement réaliste, parce que tout à fait inquiétant.
A n’en pas douter, nous reviendrons sur l’élan créatif bigrement maitrisé de l’auteur, dont on peut suivre l’ensemble des travaux symétriques tous aussi intéressants les uns que les autres sur son site.